La CFE CGC pointe du doigt la faillite de l'euro
nos "élites" face au problème de l'euro...
Un événement intéressant que la publication par le syndicat CFE CGC de cette tribune pointant du doigt les faiblesses de l'euro. En voici un extrait. Nous partageons cette analyse qui reprend et développe les principaux arguments que nous avançons contre le principe même d'une monnaie européenne.
Le débat sur l'opportunité de la monnaie unique atteint des couches de plus en plus vastes de la population. Il ne restera bientôt plus que nos "élites" auto proclaméées gavées d'idéologie pour le refuser !...
Un constat tout d’abord : la zone euro affiche un différentiel de croissance défavorable avec les États-Unis mais aussi avec les pays européens restés en dehors de la zone, comme le Royaume-Uni et certains pays nordiques. Faut-il en accuser la monnaie unique ? Lors du traité de Maastricht, l’euro avait été annoncé comme un véritable outil devant assurer la richesse des économies qui lui seraient liées. Il a certes fait disparaître les risques de change à l’intérieur de la zone, facilitant les échanges et les rendant moins coûteux (pas besoin de s’assurer contre une variation monétaire). C’est un avantage indéniable. Il a aussi assuré une relative stabilité de la monnaie.
Mais à quel prix ?
Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a guère profité à l’investissement et à l’emploi. Ce n’est certes pas la monnaie qui régit directement ces problèmes mais elle fixe le cadre dans lequel ils peuvent être résolus. Et le cadre retenu a été la lutte contre l’inflation, contre une inflation qui n’existait même pas, avec un aspect obsessionnel. Dès lors, après avoir supprimé aux États de la zone euro toute arme monétaire au profit de la Banque centrale européenne (BCE) et toute arme budgétaire (ou presque) par le biais du pacte de stabilité, après avoir également poussé à la mise en concurrence des grandes entreprises type EDF (ce qui empêche de s’en servir pour lisser l’économie de marché par exemple en anticipant des embauches en cas de fort chômage ou en stimulant des investissements lourds), on s’est interdit d’avoir une véritable politique économique de croissance au niveau de l’Europe. La monnaie unique a ainsi reporté les ajustements qui auraient pu être monétaires sur les variables réelles : emploi et croissance. Dès lors, l’argument selon lequel l’euro nous aurait protégés des fluctuations de change international est en bonne partie fallacieux puisque les conséquences ont été détournées sur la croissance. De plus, même l’objectif de lutter contre l’inflation n’est pas rempli. Certes la hausse des prix à la consommation est maintenue à 2 % mais la baisse généralisée des taux longs a de son côté favorisé l’existence d’une inflation des actifs financiers, génératrice de bulles. Clairement, la BCE a choisi la bourse contre le travail alors que les deux devraient aller de pair. Parallèlement la Suède, le Danemark et le Royaume- Uni, en gardant une liberté de manœuvre monétaire, n’ont en rien pâti de ne pas être dans l’euro, tout au contraire.
L’euro pourrait-il mieux faire ?
C’est bien là que le bât blesse. L’euro souffre d’un défaut consubstantiel à l’Europe. Il doit répondre à des situations de chocs asymétriques. L’euro est une monnaie schizophrène. Actuellement, l’Italie est en quasi-récession, la France et l’Allemagne vont mal et auraient besoin de mesures de relance alors que l’Irlande et l’Espagne sont au bord de la surchauffe et qu’il faudrait les freiner. Mêmes différences colossales en matière de performances des échanges internationaux. Et l’écart entre les pays, loin de se réduire, s’accroît. Que doit choisir la BCE ? Quoi qu’elle fasse, la solution sera mauvaise pour une partie des États. Résultat, l’Europe n’a pas de politique monétaire. Et comme elle n’a pas non plus de politique budgétaire, elle est pratiquement livrée à la seule loi des marchés. Ce n’est même pas caricatural de le dire.